Je ne connais pas l'auteur et ce n'est pas de la pub ! Mais je fais suivre ce texte qui m'a plu, pour les réflexions qu'il inspire...
La grippe à bière
Il arriva qu'un jour César se retrouva au lit avec 40° C de fièvre, grelottant sous ses couvertures. Bien sûr Jacques, prévenu par les voisins inquiets, traversa la France en toute hâte pour venir s'occuper de son vieil ami. En bon médecin, il lui fallut peu de temps pour diagnostiquer une grippe, assez courante en cette période hivernale.
- Bon, tu as attrapé la grippe, mon César ! lança Jacques, rassuré que cela ne soit pas plus grave. Comment te sens-tu ?
- Oh ! pas plus en forme qu'un tonneau de bière qui fermente, et pas plus intelligent qu'un demi pression qui fait des bulles ! murmura César quand même amusé par son état.
Jacques, après avoir préparé une bonne dose d'aspirine pour lutter contre la fièvre, vint s'asseoir sur le bord du lit. Histoire de surveiller si ce bougre d'homme allait bien prendre son médicament ! César but le verre d'un seul trait, juste avant de s'effondrer à nouveau dans les oreillers. Visiblement épuisé, il eut tout de même la force de prendre le bras de son jeune ami, tout en murmurant à voix basse :
- Tu sais, mon vieux, quand on est malade, cest curieux comme on assiste à la fin de son importance habituelle. Soudain, sous les couvertures. . . on n'est plus qu'une petite épaisseur de viande innocente ! Le jour, l'heure, le lieu, le métier, notre famille, nos amis, nos petites occupations quotidiennes, tout cela redevient sans importance. . . C'est étrange, tu sais, la fin de notre importance ! Car ou bien on souffre de n'être plus personne, ou bien cest magnifique d'être seulement ce trois fois rien.. . . qui reste !
Il s'endormit à peine ces commentaires dits. Et Jacques le regarda un temps dans son sommeil, si touché par ce vieillard qui avait accompagné sa vie.
Quand César se réveilla, depuis sa chambre il appela Jacques qui se reposait dans la cuisine :
- J'ai soif, tu sais ! Et avec mon histoire de tonneau, j'ai rêvé dune bonne bière. . . Tu veux bien me donner une bière, mon bon docteur ? Ce n'est pas interdit, quand même !
Tout en dégustant sa bière, avec de la mousse partout sur le bord des lèvres, il rajouta soudain, l'oeil coquin comme à l'accoutumée :
- Vraiment, tomber malade, c'est s'entraîner à mourir, s'entraîner à perdre son importance petit à petit ! Et alors, au fond du lit, on devient soit un abandonné de tout et de tous, bon pour l'agonie, ou bien un être si libre qu'un face-à-face avec LUI devient possible, si bon pour la Vie ! C'est ça : dans chaque maladie, il y a d'un côté le livre des douleurs, et de l'autre le livre de la gloire, et c'est toujours le malade qui choisit celui qu'il va lire !