Marie Espérance
La foi, dit Dieu, ça ne m'étonne pas:
j'éclate tellement dans ma création.
La charité, ça ne m'étonne pas davantage,
car il ne manque ni d'hommes ni de femmes
pour tendre la main aux malheureux.
Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance.
Les gens voient comme tout ça se passe
et ils croient que demain ça ira mieux,
voilà qui est proprement inouï.
Je n'en reviens pas moi-même,
que la flamme de l'espérance,
anxieuse au moindre souffle, tremblante
à tous les vents,
traverse, invincible, l'épaisseur des temps et des nuits.
L'espérance n'est qu'une petite fille,
fraîche et vulnérable comme une fleur de printemps.
Une petite fille nommée Marie.
À Nazareth, à Bethléem, à Cana, au Golgotha,
elle choisit le chemin fraternel
de la présence silencieuse et de l'humble service.
Par elle, l'espérance de son peuple
offrit au monde le Sauveur promis.
Aujourd'hui comme hier,
Marie fait resplendir dans nos ténèbres
le visage d'un Dieu qui libère les opprimés
et met en déroute les orgueilleux.
Avec une douce patience, sans discours ni trompettes,
elle annonce un lendemain ou l'amour et la paix
auront le dernier mot.
L'espérance de Marie, c'est la force des coeurs droits,
la joie des pauvres et le réconfort des affligés.
Devenue femme et mère, la petite fille ne se lasse pas
d'ouvrir la voie aux enfants de la terre
qui osent marcher à l'étoile.
Auteur: Charles Péguy